Lula a donné son accord…


Lula a donné son accord à la construction du barrage controversé de Belo Monte. LEMONDE.FR avec AFP | 27.08.10 | 11h08

Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a signé jeudi 26 août le contrat de concession de travaux publics pour le barrage controversé de Belo Monte en Amazonie, le troisième du monde, auquel s’opposent des écologistes et des communautés indigènes. « Nous rendons possible quelque chose qui paraissait impossible il y a 30 ans (…) c’est une victoire du secteur énergétique », a déclaré Lula pendant la cérémonie.

C’est le consortium Norte Energia, à dominante publique (49,98 %) qui construira le barrage, mais la participation indirecte de l’Etat est estimée à 70 % parce que des fonds d’investissements d’entreprise publiques complètent ce consortium.

« Le gouvernement a signé la condamnation à mort du fleuve Xingu et l’expulsion de milliers de riverains », ont déploré des Indiens de la région soutenus notamment par l’Eglise et le réalisateur d’Avatar, l’Américain James Cameron.

A un coût estimé à 11 millions de dollars (8,7 millions d’euros), Belo Monte sera le troisième barrage du monde (11 000 MW), derrière celui des Trois Gorges en Chine (18 000 MW) et celui d’Itaipu (14 000 MW) à la frontière avec le Brésil et le Paraguay. La construction du barrage demandera 20 000 travailleurs. Il inondera une zone de 500 km2 sur les berges du Xingu et obligera au déplacement 16 000 personnes, selon les chiffres officiels.

PROTESTATION DES COMMUNAUTÉS INDIGÈNES

« La forêt est notre épicerie, la rivière notre marché. Nous ne voulons pas que les cours d’eau du Xingù soient envahis et que nos villages et nos enfants, qui seront élevés selon nos coutumes, soient en danger », ont souligné 62 chefs indiens dans un manifeste contre le barrage. D’après l’association Survival, qui milite pour la protection des peuples indigènes, le barrage « détruira la forêt et réduira le stock de poissons dont les Indiens, tels que les Kayapó, les Arara, les Juruna, les Araweté, les Xikrin, les Asurini et les Parakanã, dépendent pour leur survie ».

La justice régionale a contesté la construction du barrage qui requiert « des excavations équivalentes à celles du canal de Panama » et fera doubler la population locale, avec au moins 85 000 personnes en quête de travail, « ce qui entraînera une pression sur la terre et la déforestation », a déclaré le procureur Ubiratan Gazetta.

Les opposants au projet affirment aussi que ce barrage est construit avec des fonds publics car il n’est « pas économiquement viable ». Mais, selon le gouvernement, le projet de Belo Monte sur le fleuve Xingu – qui représentera 11 % de la puissance énergétique installée du Brésil – a été le mieux planifié du monde, depuis les années 1970. « Nous allons les convaincre que nous avons tenu sérieusement compte de la question sociale (…) et environnementale », a souligné Lula jeudi 26 août.