Source: LeMonde.fr
Elle a le sourire triste de ceux qui ont fait de leur vie un combat. Sous sa coiffe indigène qu’elle porte fièrement, l’Indienne laisse percer un regard noir dans lequel se mêlent rage, colère et frustration.
Valdelice Veron, une des porte-parole du peuple indigène Guarani-Kaiowa, était invitée à témoigner lors du « sommet des consciences sur le climat », qui s’est tenu à Paris mardi 21 juillet. A 37 ans, la combattante a accepté de quitter le Brésil pour la première fois de sa vie pour témoigner des souffrances de son peuple, portée par « l’espérance que quelqu’un entende le cri de mon peuple et décide d’agir ».
Mais avant de monter à la tribune du Conseil économique, social et environnemental, il a fallu quitter l’Etat du Mato Grosso do Sul, en Amazonie, et rompre les barrages tenus par les « bandits armés ». Des hommes de main, chargés d’expulser les indigènes de leurs terres, à la solde de grands propriétaires fonciers qui exploitent la forêt. Assassinats, viols, kidnappings d’enfants, les pires moyens ont été utilisés pour forcer les indigènes à quitter leurs terres. Près de 300 Guarani-Kaiowa ont été tués en dix ans.
Eloignés de leurs terres, les Guarani, qui vivent, se nourrissent, se soignent de ce que leur donne la terre, sont condamnés à la misère. Certains ont été placés et confinés dans des réserves, contraints de travailler dans les plantations de canne à sucre pour un salaire de misère ou parfois une simple ration…